TUTTI !
Musiciens des orchestres et des chœurs des maisons d’opéra, ne laissez pas votre avenir se jouer sans vous.

Quelques témoignages parmi beaucoup d’autres recueillis au cours de ces derniers jours attestent de l’apport essentiel des artistes lorsqu’il s’agit de l’avenir de nos professions. Nous attendons les vôtres avec impatience…

«Oui, un chœur permanent dans les Hauts de France, c’est possible»

«Chaque institution des Hauts de France a recours à des artistes des chœurs soit à la mission (Atelier Lyrique de Tourcoing, Opéra de Lille) avec l’acceptation d’un coût bien supérieur à celui d’un ensemble permanent, soit en usant délibérément du dumping social (Orchestre National de Lille) en utilisant des chœurs amateurs et/ou étrangers (chœur régional des HDF, chœur de chambre de Namur, Philharmonia Chorus de Londres).

Un chœur permanent indépendant en Hdf permettrait la résolution de différentes problématiques :

– Une mutualisation des moyens de chaque institution permettant une baisse des coûts, une liberté d’exploitation de chacune.

– Un impact environnemental bien moindre dans notre secteur par rapport à l’utilisation d’artistes éloignés.

– Un rapprochement des artistes avec la population donc plus d’actions de sensibilisation, de médiation, de démocratisation et donc facilité d’accès à une culture de proximité.

 – Etre un pôle ressource pour la valorisation de la pratique amateur.

– Un lien renforcé avec les établissements d’enseignements artistiques et le monde professionnel, inexistant actuellement au niveau de la filière voix.

C’est le sens du projet autour du chœur de chambre Septentrion qui va définitivement à contrario des politiques culturelles actuelles mais fait pourtant preuve d’inventivité et de modernité sans pour autant délaisser l’excellence artistique. Pourtant en dépit de nos demandes ce projet n’a jamais fait l’objet d’une étude de faisabilité…»

Opéra de Bordeaux : des évolutions qui font écho à la mission Sonrier

«[…] À l’Opéra de Bordeaux, nous avons eu un avant-goût des effets que pourraient provoquer la généralisation du nouveau modèle prôné par le colloque « New Deal de la FEVIS ».

Sur la saison 18/19, un tiers de la programmation lyrique a été assuré par des orchestres indépendants. Même ratio pour la saison 19/20, et sur les cinq productions données par l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, un opéra pour enfants en très petit effectif, une opérette, un Gounod et une production Mozart. Seul un opéra a été donné en effectif plus conséquent.

Toutes ces données ne poseraient aucun problème – aucun musicien permanent ne voit de problème à ce qu’un ensemble indépendant soit invité à donner un opéra – si elles s’inscrivaient dans une politique d’enrichissement quantitatif et qualitatif de l’offre culturelle. Mais comment imaginer parvenir à maintenir un volume d’activité suffisant pour un orchestre symphonique d’une centaine de musiciens et un chœur de quarante chanteurs avec de tels choix, dans un contexte où les budgets sont plutôt à la baisse ? Comment défendre l’entièreté de nos postes, dont près de 10% sont aujourd’hui laissés vacants à l’orchestre, si les trop rares opéras sur lesquels nous sommes programmés sont majoritairement en petit ou moyen effectif, et bien trop souvent sans chœur ?

L’arrivée d’une nouvelle direction générale, musicale et d’une nouvelle équipe municipale pourrait, nous l’espérons, écarter une aggravation de cette évolution […]»

Le ratio coût/nombre de représentations est extrêmement faible dans les opéras français

«Pour avoir travaillé en Allemagne et en Autriche, pays de grande tradition musicale, j’ai pu mesurer la conception radicalement différente du rapport à la production des spectacles lyriques : la plupart des grandes villes ont un orchestre, un chœur et souvent un ballet permanent. La priorité budgétaire des opéras n’est pas d’avoir telle ou telle star comme tête d’affiche mais de proposer un nombre de représentations beaucoup plus important de représentations. Ce sont des maisons d’opéra de répertoires où les artistes musiciens ou lyriques permanents incarnent l’identité artistique des productions… »

Le recours à des structures intermittentes dans la programmation des saisons des opéras ne peut pas se résumer à une concurrence entre des orchestres

«Le plus inquiétant, c’est le mauvais exemple donné à des élus qui pourraient être tentés de « convertir » leurs ensembles permanents, au moins partiellement. C’est à cela que pourrait faire allusion le paragraphe sur l’organisation du travail de la mission «orchestres» : réduire un orchestre permanent à l’effectif de fosse et compléter avec des intermittents pour les programmes symphoniques. »

Parmi les musiciens des ensembles spécialisés, personne n’était au courant de la mission Sonrier…

«Tout le monde est d’accord pour ne pas prendre le travail des uns ou des autres, que nous devons surtout en ce moment être solidaires et arrêter de prendre nos ensembles spécialisés comme le grand méchant loup qui prend le travail des ensembles permanents, ce qui est parfaitement incompréhensible et infondés et pas notre but

Mars 2021

Cet article fait partie d’un dossier TUTTI ! en 5 chapitres, dont voici la liste :

TUTTI ! : Introduction

TUTTI ! Du colloque new deal à la mission Sonrier 

TUTTI ! Oui, un soutien aux ensembles spécialisés est indispensable mais pas au prix d’une fragilisation des structures permanentes

TUTTI ! Mission «orchestres symphoniques» : vers un nouveau pacte pour poursuivre le plan Landowski ou pour revoir à la baisse les conditions de travail des musiciens ?

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