Réforme des conservatoires

 Publié le : 16 Août 2022  

Épisode 1 : Le projet de réforme des conservatoires : qu’est-ce que c’est au juste ?!

C’est la refonte des textes encadrant l’offre pédagogique des conservatoires classés. Il y en a quatre. 
  • Le premier est le Schéma National d’Orientation Pédagogique (SNOP). Il viendrait remplacer l’actuel SNOP qui date d’avril 2008.
  • Le deuxième porte sur les critères de classement des conservatoires. Il viendrait remplacer l’arrêté du 15 décembre 2006.
  • Le troisième définit le Cycle Préparatoire à l’Enseignement Supérieur (CPES). Il est le seul à être en vigueur suite à sa publication au Journal Officiel au mois de mai 2017.
  • Le quatrième dessine les contours d’un nouveau Diplôme National. Il viendrait remplacer l’actuel Diplôme National d’Orientation Professionnelle (DNOP) et les Diplômes d’Etudes Musicales / Chorégraphiques / Théâtrales (DEM/C/T).

Épisode 2 : Pourquoi cette réforme ? Comment a-t-elle été élaborée ? 

Le 07 juillet 2016 est publiée la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine dite LCAP. Celle-ci vient modifier l’article L216-2 du Code de l’Éducation, qui mentionne désormais un « enseignement préparant à l’entrée dans les établissements d’enseignement supérieur de la création artistique dans le domaine du spectacle vivant ». 
C’est le Cycle Préparatoire à l’Enseignement Supérieur / CPES. 
L’article mentionne également la possibilité de délivrer un Diplôme National / DN. 
Pour être en conformité avec cette loi, il fallait donc mettre en place le CPES et le DN. 
Cela amène en conséquence à repenser le SNOP ainsi que les critères de classement des conservatoires. 
Depuis 2016 ont eu lieu quelques réunions sur le sujet, organisées par la Direction Générale de la Création Artistique (DGCA / Ministère de la Culture)
MAIS
Les enseignant·es artistiques n’y ont pas été invité·es.
Seules différentes associations (de directrices et directeurs d’établissement, de directrices et directeurs des affaires culturelles, d’usagers) étaient présentes autour de la table. 
Les documents « fuitent » au printemps 2022 et les enseignant·es artistiques découvrent, effaré·es, le contenu de ce projet de réforme. 
Sollicitant la DGCA, le SNAM se voit répondre qu’il n’existe pas de documents. Aucune suite n’est donnée à nos demandes de rendez-vous. 

Épisode 3 : Un peu de tout, beaucoup de rien. 

ACTUELLEMENT Un conservatoire, pour être classé à rayonnement communal ou intercommunal, doit proposer l’enseignement d’une spécialité (par exemple, la musique) dans 2 cycles d’apprentissage sur 3. 
APRES Un conservatoire, pour être labellisé au même niveau, devrait proposer deux spécialités (par exemple, la musique et la danse) dans 2 séquences d’apprentissage (découverte & exploration) sur quatre. 
RISQUE Les actuels CRC/I transmettant une seule spécialité ne pourraient pas être labellisés en l’état / L’emploi des enseignants sur le grade de PEA serait encore plus limité / Davantage de spécialités sur une échelle de progression réduite = moins de perspectives de long terme pour les élèves comme pour les enseignants. 

Épisode 4 : Un diplôme national en carton.

ACTUELLEMENT Au terme de ses études au sein d’un conservatoire classé, un élève obtient un diplôme national, le DNOP ou le DEM/C/T, qui lui permet de se présenter aux concours de l’enseignement supérieur et au concours d’accès au 1er grade d’assistant d’enseignement artistique. 
APRES Au terme de ses études au sein d’un conservatoire labellisé et habilité (double contrainte), un élève obtiendrait un diplôme national sans valeur, qui ne serait pas exigé pour se présenter aux concours de l’enseignement supérieur et ne lui ouvrirait aucune porte de la fonction publique.
RISQUE Dévaluer le diplôme de fin de conservatoire ainsi que le symbole qu’il représente / Retarder l’entrée dans la vie active des étudiants en musique, en danse et en théâtre, pour qui le premier diplôme professionnalisant serait le DNSPM/D/C à bac+3. 

Épisode 5 : CPES : peut mieux faire

Le CPES, actuellement proposé dans nombre de conservatoires, répond à une demande portée depuis de nombreuses années par l’ensemble des acteurs et des usagers puisqu’il confère le statut d’étudiant aux élèves bacheliers qui y sont inscrits. Ceux-ci se voient enfin reconnus dans leur engagement artistique préprofessionnel. 
MAIS
Le CPES n’est pas un cycle diplômant puisqu’il n’aboutit pas au DN. Il ne conduit pas à l’obtention d’ECTS. 
Il vient également compliquer un peu plus le parcours des études envisagé dans le projet de SNOP, qui précise que le CPES pourrait « se substituer, se juxtaposer pour partie ou faire suite au cycle d’études conduisant au diplôme national ». On a connu plus limpide !

Épisode 6 : SNOP : passe à côté du sujet

ACTUELLEMENT Le parcours des études en conservatoire est composé de trois cycles, chacun durant entre trois et cinq ans. Chaque cycle peut être considéré comme une fin en soi, en fonction de l’objectif que l’élève s’est fixé. Certains conservatoires proposent des dispositifs particuliers ciblant des publics spécifiques comme celui des élèves adultes par exemple. 
APRES Le projet de SNOP considère nécessaire, pour s’adapter davantage aux nouveaux publics, de proposer deux cursus supplémentaires appelés « parcours projets » et « parcours libres ». 
RISQUE Ces parcours reposent sur des logiques court-termistes de consommation culturelle. En cela, le SNOP passe totalement à côté du sujet : s’adapter aux différents publics, les conservatoires le font déjà sans pour autant sacrifier le caractère universaliste de l’enseignement artistique.

Épisode 7 : Les labels, agréments et habilitations seraient délivrés par les DRAC

ACTUELLEMENT Les conservatoires sont classés par l’Etat pour une durée de cinq ans renouvelable, ce qui favorise une cohérence pédagogique sur tout le territoire et garantit la qualité de l’offre proposée. 
APRES Les conservatoires solliciteraient leur label (obtenu sans limitation de durée) et/ou leur agrément (CPES) et/ou leur habilitation (DN) auprès de la Direction Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) de leur territoire. 
RISQUE L’offre pédagogique pourrait être très disparate. Certains établissements – par exemple les actuels CRD – risquent de demander une labelisation simple, sans habilitation à délivrer le DN, pour limiter les démarches administratives et les coûts.