Le fléau des violences sexuelles ou sexistes doit être éradiqué des salles de spectacle comme des conservatoires

 Publié le : 17 Juin 2021  

L’actualité de ces derniers jours remet au devant de la scène la question des violences sexuelles ou sexistes dans le secteur musical, cette fois-ci à propos de comportements et d’actes qui auraient été commis dans des lieux d’enseignement.

Des avancées prometteuses ont été réalisées dans le secteur du spectacle vivant ou enregistré et le temps pas si lointain – aout dernier – où des directeurs d’institutions musicales déclaraient qu’il n’était dans leurs attributions ni d’enquêter sur les faits ni de sanctionner les comportements lorsqu’ils étaient saisis par des victimes de harcèlement sexuel semble dépassé. Depuis un an la mobilisation des victimes, la publication de témoignages, l’annonce de dépôts de plainte se sont multipliées et cette pression a déclenché une prise de conscience jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. En concertation avec les organisations professionnelles et syndicales – dont la nôtre – le Centre National de la Musique (CNM) a élaboré un protocole contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles qui conditionne l’octroi d’aides financières à des mesures concrètes au sein des entreprises de spectacle.

C’est maintenant au tour des victimes de violences commises sur des lieux d’enseignement de briser l’omerta et plusieurs affaires jugées ou en cours d’instruction viennent d’être rendues publiques. Les exemples rendus publics montrent que les victimes sont souvent de jeunes élèves très vulnérables. Si nous ne pouvons que nous en réjouir et féliciter les personnes qui ont osé s’exprimer et sont à l’origine des enquêtes, nous estimons que des mesures concrètes doivent être prises pour éradiquer ces pratiques.

– chaque établissement d’enseignement de la musique doit mettre en place des protocoles de signalement, nommer des personnes référentes en la matière et informer à chaque rentrée l’ensemble des élèves et des enseignants de leurs droits et des moyens de les exercer concrètement

– les collectivités territoriales qui assurent la tutelle de nombreux établissement doivent s’engager sur la systématisation des enquêtes et, le cas échéant, des sanctions. Parallèlement aux procédures à l’intérieur des établissements ou des collectivité, les signalements au Procureur de la République de la part des Directions doivent devenir la règle.

– Comme il l’a fait à propos de la lutte contre les violences sexistes ou sexuelles au sein des entreprises de spectacle, la Ministre de la Culture doit prendre la mesure du problème et, dans le cadre de ses prérogatives, imposer que les établissements d’enseignement qui sont directement ou indirectement de son ressort traitent ces questions en priorité.

– L’ensemble des personnels doivent bénéficier de formations sur ces sujets, notamment pour connaitre les droits des victimes, les moyens de protéger les mineures et les voies de recours à l’intérieur des établissements ou devant la Justice.

Le profond mouvement de refus des actes de violences sexuelles ou sexistes qui traverse notre profession et l’ensemble de la société appelle des actes concrets.

 

Paris le 18 juin 2021