Le licenciement du Directeur de la danse du Ballet du Capitole annoncé ce samedi 11 février suscite de nombreux commentaires et beaucoup d’interrogations dans la presse et parmi les nombreux admirateurs de cette prestigieuse institution. Une organisation syndicale
comme la nôtre n’a évidemment pas vocation à porter une appréciation sur la qualité du travail ni sur le talent d’un artiste. Nous ne dérogerons pas à ce principe. Par contre il nous semble nécessaire de nous positionner sur les raisons et les conséquences d’une telle
cision.

Si cette annonce semble abrupte, les motivations invoquées par la direction de l’Opéra National du Capitole de Toulouse sont le résultat d’une enquête interne diligentée à la demande de l’administration centrale de Toulouse Métropole. Cette commission d’enquête a entendu au cours de plusieurs mois de nombreux artistes mais aussi responsables administratifs qui ont pu anonymement et librement témoigner de ce qu’ils savaient ou avaient vécu au sein de la compagnie. On ne peut donc, comme l’affirment certains, parler d’une décision arbitraire ni d’une quelconque « cabale » dont serait victime Monsieur Kader larbi.

Les témoignages attestent de comportements totalement inacceptables de la part d’un responsable artistique détenteur d’une autorité sur des danseurs et danseuses souvent très jeunes et totalement soumis à ses décisions en matière de renouvellement de leurs contrats.

L’enquête interne a en particulier souligné ce que notre organisation syndicale dénonçait depuis longtemps : une instabilité constante des effectifs avec un nombre inacceptable (près d’un tiers chaque saison) d’artistes exclus ou quittant la compagnie. Alors que dans les Opéras nationaux, les artistes permanents bénéficient de CDI dans une proportion allant de 30% à 100 % (comme c’est le cas à l’Opéra de Paris où M.Bélarbi a mené l’essentiel de sa carrière de danseur), la menace constante liée à cette précarité permettait qu’un certain nombre de comportements inappropriés puissent perdurer.

Le licenciement de Kader Bélarbi nous apparaît comme un signe positif pour la prise en compte des nouvelles exigences de notre temps en matière de lutte contre les violences physiques et morales, les humiliations et emprises toxiques, mais aussi contre toutes les formes d’exclusions liées au genre ou remises en cause du droit du travail… Cette décision s’inscrit dans ce mouvement et cette lente évolution des consciences qui finissent par affirmer que l’excellence artistique, le dépassement de soi, l’expression des talents peuvent se déployer dans le respect de la dignité des personnes. Les artistes et les professionnels du spectacle sont de plus en plus nombreux à ne plus tolérer des méthodes d’enseignement artistique, de management des compagnies ou des comportements qui sont souvent pénalement condamnables et qu’aucune considèration d’ordre artistique ne peut justifier.

Toulouse, le 13 février 2023

Syndicat des Artistes Musiciens de MidiPyrénées (SAMMIP CGT)
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Yves Sapir, Secrétaire Général du SAMMIPCGT

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